Si vous me demandez quels sentiments m’inspirent la tour Eiffel, je vous répondrais qu’il s’agit bien en effet de sentiments. Ceux que l’on éprouve pour une vieille amie que l’on est toujours heureux de revoir. Une amie qui m’a valu ma première publication dans Life en 1953. Au cours d’un long voyage plein d’usage et plutôt moins de raison, c’est en retrouvant cette grande dame que l’on est sûr d’être bien chez soi.
Elle est toujours là, bien droite, un tantinet arrogante en nous regardant de si haut. Elle est plus que jamais courtisée par ses amants de plus en plus nombreux à grimper à son assaut.
Son image a marqué notre enfance. Et chacun de mes enfant a joué au même jeu, au même âge, vers trois ou quatre ans : à qui serait le premier, en rentrant de la campagne le dimanche soir, à voir apparaître sur le ciel de Paris la tour familière.
Marc Riboud