Dates clés
-
1923 Marc Riboud naît le 24 juin à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, le cinquième d’une famille de sept enfants.
-
1937 Marc Riboud prend ses premières photographies à l’Exposition universelle de Paris. Son père lui offre son petit Vest Pocket Kodak qu’il avait utilisé dans les tranchées pendant la première guerre mondiale. Amateur éclairé, son père avait aussi acquis un des premiers modèles d’appareil Leica, modèle déjà fétiche pour les grands photographes reporters dès les années 1930.
-
1942 Marc Riboud s’engage dans la Résistance et participe aux combats du maquis du Vercors en 1944, avec un bataillon de chasseurs alpins (6e BCA) dans lequel il continue de servir en Italie et en Autriche jusqu’en 1945.
-
1947 Les photographes Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger et David Seymour fondent l’agence Magnum. À la différence des agences de l’époque où les photographes étaient salariés, ils deviennent « auteurs », propriétaires de leurs négatifs et, organisés en coopérative, sont responsables de l’activité de l’agence. Les photographes réalisent des « sujets » suivant les actualités politiques, économiques, culturelles, qui sont ensuite vendus aux magazines, principaux diffuseurs à cette époque.
En 1949, l’industriel Jean Prouvost crée le magazine d’actualités et d’images Paris Match. Sur le modèle des magazines américains Life ou Look, cet hebdomadaire fait la part belle à l’image et devient un support de diffusion incontournable pour les photographes. Avant que la télévision entre chez tous, la presse magazine connaît ses heures glorieuses.
-
1948-1951 Après des études d’ingénieur à l’École centrale de Lyon, Marc Riboud travaille en usine à Villeurbanne. Pendant un congé pris pour photographier le festival de Lyon, il décide de ne pas retourner à l’usine et de se consacrer à la photographie.
-
1952-1953 Marc Riboud s’installe à Paris, où il rencontre Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, qui le font entrer à l’agence Magnum après sa première publication : la photographie d’un peintre sur la tour Eiffel. Comme tout provincial il photographie beaucoup Paris puis fait son premier voyage de photographe en Yougoslavie en 1953 avant de passer un an en Angleterre en 1954 sur les conseils de Robert Capa.
-
1955-1957 Par la route, Marc Riboud traverse le Moyen-Orient et passe un an en Inde, avant de rejoindre la Chine pour un séjour de plusieurs mois.
-
1958 Reportages en Indonésie et au Japon où Marc Riboud photographie surtout les femmes japonaises. C’est le sujet de son premier livre : Women of Japan, avec un texte de la romancière Christine Arnothy. Il traverse ensuite l’Alaska en hiver puis rejoint les États-Unis et le Mexique.
-
Le Grand bond en avant en Chine (1959-1962)
La politique de collectivisation lancée par Mao Zedong et l’envoi de millions de paysans sur des chantiers de travaux publics diminuent la production agricole qui devient insuffisante pour nourrir la population. En trois ans, la famine provoque la mort d’au moins 30 millions de Chinois. Mao Zedong est démis de ses fonctions de président de la République mais reste à la tête du Parti communiste.
-
1960-1963 Marc Riboud réalise de nombreux reportages en Afrique subsaharienne, au Ghana, au Nigéria et en Guinée.
Après le Ghana en 1956 et la Guinée en 1957, la grande majorité des pays africains accèdent à l’indépendance en 1960 de manière pacifique. De grands hommes politiques ont marqué la fin de l’ère coloniale comme Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët-Boigny, Patrice Lumumba ou Jomo Kenyatta.
-
1962 Marc Riboud se rend régulièrement en Algérie. Il photographie le référendum du 1er juillet et les célébrations de l’indépendance, ainsi que les leaders politiques Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene qui dirigeront le pays.
L’Algérie devient indépendante le 5 juillet 1962, après huit années de guerre meurtrière sur le sol algérien et de divisions profondes dans la société française.
-
1963 Prépare sa première exposition personnelle à The Art Institute, Chicago.
Reportage à Cuba avec le journaliste Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur. Ils rencontrent Fidel Castro et l’interviewent dans leur chambre d’hôtel. Quelques jours plus tard, Jean Daniel est présent quand Fidel Castro apprend par téléphone l’assassinat du président américain John Kennedy à Dallas.En octobre 1962 s’ouvrait la crise des missiles quand l’administration américaine a repéré des missiles nucléaires russes pointés sur le territoire des États-Unis depuis l’île de Cuba. Ce fut l’un des derniers épisodes de la guerre froide, bientôt suivi d’une période de détente.
-
1965 Marc Riboud retourne en Chine où il photographie les prémisses de la révolution culturelle. Ces photographies sont publiées dans la presse internationale et dans son deuxième livre Les Trois bannières de la Chine. Une exposition est organisée à l’Asia House de New York, à l’Institute of Contemporary Art et à la Photographer’s Gallery de Londres, et à la galerie Delpire à Paris.
-
La révolution culturelle (1966-1976)
La révolution culturelle a été lancée par Mao Zedong pour consolider son pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse. Les gardes rouges reçoivent l’ordre de détruire des milliers de sculptures et de temples, et tout ce qui incarnait les valeurs traditionnelles. Le Parti est purgé de ses cadres, les élites persécutées, le pays est au bord de la guerre civile. On sait aujourd’hui que la révolution culturelle a été responsable de centaines de milliers de morts. -
1967 À Washington, lors d’une grande manifestation contre la guerre du Vietnam, Marc Riboud photographie la jeune Jan Rose Kasmir. Cette image, souvent appelée la « Jeune fille à la fleur », deviendra une icône de la paix. Un an plus tard, il photographiera à Paris le mai 1968 français.
Reportage à Moscou pour photographier les célébrations du cinquantenaire de la révolution d’octobre.
-
La guerre du Vietnam (1954-1975)
La guerre du Vietnam a opposé les troupes du Nord Vietnam sous la présidence d’Ho Chi Minh à l’armée du Sud Vietnam soutenue par les Américains. À partir de 1961 les effectifs de soldats américains sont de plus en plus nombreux jusqu’aux débuts des négociations de paix à Paris en 1969. La guerre a causé la mort de plusieurs milliers de soldats et civils. De plus en plus impopulaire aux États-Unis, les manifestations hostiles à la guerre se multiplient mais le conflit ne prendra fin qu’avec la victoire du Nord Vietnam en 1975, victoire qui réunifie le pays. -
1968-1969 Reportages au Sud et au Nord du Vietnam. Marc Riboud écrit des articles sur la destruction de la ville de Hué et sur le quotidien des troupes à bord d’un porte-avion américain, qui sont publiés dans Le Monde et Paris Match.
Il retourne au Vietnam en 1972, puis en 1976 où il photographie la rééducation forcée des cadres du Sud, prisonniers du pouvoir communiste.
-
1971 Marc Riboud retourne en Chine, et se rend au Pakistan oriental, au moment des combats sanglants qui précédent son indépendance et son nouveau nom de Bangladesh. Il photographie les camps de réfugiés de part et d’autre de la frontière, et alerte Indira Gandhi, Première ministre de la république d’Inde, sur la violence de ces affrontements.
-
1973 Marc Riboud se rend aux États-Unis où il « couvre » le procès du Watergate, affaire d’espionnage politique qui aboutira à la démission du président américain Richard Nixon.
-
1979 Reportage en Iran pendant la révolution islamique. Marc Riboud photographie les foules en délire fêtant le retour de l’ayatollah Khomeiny. La même année, il montre l’occupation de l’ambassade des États-Unis et la séquestration de son personnel.
Crise iranienne des otages (1979)
Le 4 novembre 1979 l’ambassade des États-Unis à Téhéran est prise d’assaut par des étudiants iraniens et 52 américains sont pris en otage pour protester contre l’hospitalisation du Shah aux États-Unis. Dès 1980, après l’élimination des modérés, l’État islamique est proclamé en Iran et donne les pleins pouvoirs à Khomeiny.Marc Riboud démissionne de l’agence Magnum, avec laquelle il conservera des liens amicaux.
-
1980-1981 Marc Riboud réalise un long reportage en Pologne, quand le pays tout entier se mobilise derrière Solidarnosc. Il se rend régulièrement à Prague pour soutenir son amie Anna Farova, historienne de la photographie et l’une des premières signataires de la Charte 77, charte qui rappelait au gouvernement tchèque ses engagements pris pour le respect des Droits de l’homme.
-
1987 Marc Riboud photographie le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon entre 1942 et 1944 et jugé pour crime contre l’humanité. Ses photographies du procès et de la maison des enfants d’Izieu accompagnent un article publié dans Libération et Le Nouvel Observateur et un livre de Catherine Chaine, Le voyage sans retour des enfants d’Izieu publié chez Gallimard Jeunesse.
-
1986-1991 Sur les conseils de son ami le peintre Zao Wou-Ki, Marc Riboud se rend plusieurs fois à Huang Shan, la « Montagne Jaune » des peintres chinois. Il retourne aussi plusieurs fois au Cambodge où il photographie temples et pèlerinages à Angkor. Deux livres rassemblent ces photographies : Huang Shan, Montagnes célestes et Angkor, sérénité bouddhique.
-
Manifestations de la place Tianan’men (1989)
Des milliers d’étudiants, d’intellectuels et d’ouvriers, se réunissent place Tian’anmen à Pékin pour dénoncer la corruption et réclamer des réformes politiques. Après plus d’un mois de manifestations et grèves de la faim, qui s’étendent à d’autres villes du pays, le gouvernement chinois envoie l’armée, provoquant de nombreuses victimes civiles. -
1992-2003 Marc Riboud continue à se rendre régulièrement en Chine et photographie ses métamorphoses spectaculaires. Son ami l’éditeur Robert Delpire réunit ces photographies dans les livres 40 ans de photographie en Chine et Demain Shanghai.
-
1998 Marc Riboud fait plusieurs reportages en Afrique du Sud, quelques années après la fin de l’apartheid et l’élection de Nelson Mandela. Il photographie Johannesburg et le township de Soweto, ainsi que des villages éloignés.
-
2001 Marc Riboud est à New York pour le vernissage d’une exposition et pour recevoir le prix Leica Lifetime Achievement quand surviennent les attentats du 11 Septembre. Il les photographie en direct sur la télévision de sa chambre d’hôtel.
-
2002 Marc Riboud continue de voyager pour photographier ou accompagner ses expositions. Il participe deux années de suite au festival de Pingyao, organisé par Alain Jullien, premier et éphémère rassemblement « ouvert » de photographes en Chine.
-
Guerre en Iraq (2003-2011)
À la suite des attentats du 11 septembre 2001 et des accusations de détention d’armes de destruction massive par le régime de Saddam Hussein, le président américain George W. Bush constitue une coalition qui entre en guerre contre l’Iraq. L’invasion conduit à une défaite rapide de l’armée iraquienne, mais des milices, des groupes insurgés ou des membres d’Al Qaïda continuent à ensanglanter le pays après le retrait des troupes américaines en 2011.Accompagné de la « Jeune fille à la fleur », retrouvée quelques années plus tôt, Marc Riboud se rend à Londres pour participer aux manifestations contre la guerre en Iraq.
-
2008 Marc Riboud suit avec un grand intérêt les élections présidentielles américaines et se rend aux États-Unis au moment de l’accession de Barack Obama, premier président noir américain.
-
2010 Marc Riboud se rend en Chine pour une exposition au Musée des Beaux-Arts de Shanghai et en profite pour faire un dernier reportage dans cette ville qu’il aime depuis soixante ans.
-
2011 Marc Riboud fait une dation au Musée national d’art moderne (Centre Georges Pompidou) : 192 tirages originaux, choisis parmi ses meilleures photographies des années 1950 et 1960, rejoignent les collections permanentes du musée.
-
2012 Marc Riboud rassemble dans le livre Vers l’Orient les photographies de son grand voyage de jeunesse, de Turquie jusqu’en Inde, puis en Chine et au Japon. Le livre, publié par Xavier Barral, est récompensé par le prix Nadar.
-
2016 Marc Riboud s’éteint à Paris à 93 ans. Le cœur des ses archives rejoint les collections du Musée national d’arts asiatiques – Guimet, Paris, en 2019.